L’opinion fait paraître une tribune libre de Virginie Calmels (Première adjointe au Maire de Bordeaux – vice-présidente des Républicains).
- Viginie Calmels Numéro 2 et vice-présidente déléguée du parti Les Républicains s’interroge
Le titre de cette tribune, très en phase avec la tonalité habituelle de l’Opinion, annonce un développement assez agressif du propos. La fonction publique ne serait pas managée et les leviers classiques du management ne seraient pas exploités. Nos fonctionnaires seraient « épuisés et démotivés par des employeurs publics exécrables ne sachant ni gérer les talents, ni récompenser le mérite, ni simplement dire merci ».
Comme toujours, l’argumentation lorgne du côté du privé qui saurait, bien entendu, parfaitement traiter les talents, car soumis à la concurrence et à l’impérative efficacité économique. Whirpool proposant à ses salariés d’Amiens, bientôt victimes de la délocalisation de leur usine, des sèche-linges en guise de prime, en est certainement la parfaite illustration.
L’effort de l’Etat et des collectivités, dans la mise en place des dispositifs prévus dans le cadre du RIFSEEP, visant à différencier les rémunérations en fonction des postes occupés et de la manière de servir, n’est pas abordé et encore moins salué. Parfaitement coordonné avec la logique de carrière propre à nos fonctions publiques, il annonce, peut-être tardivement mais de façon salutaire, la mise à disposition des premiers leviers de management suffisamment souples et propres à accompagner la volonté de renouvellement de l’action publique, souhaitée par les élus et les administrés.
De ce point de vue, ils viennent compléter les manifestations de gratitude le plus souvent exprimées par la nation à ses fonctionnaires.
- Sur le fond, rien de véritablement novateur
Enfin, nous en arrivons aux propositions de Madame Calmels. Les missions devraient différencier celles entrant directement dans le champ des missions régaliennes, par nature confiées aux titulaires de celles situées hors champ régalien, confiées aux contractuels, voire à la sphère privée. Reste à préciser le champ régalien des collectivités locales puis de la santé, pour couvrir l’ensemble des fonctions publiques. Reste enfin à affronter les contradictions telle l’existence au sein de l’armée française, en charge de missions régaliennes s’il en est, de soldats du rang tous contractuels par définition.
Le recours aux comparaisons n’éclaircit pas le propos en mettant face à face des administrations régionales aux effectifs « pléthoriques » et des commissariats sous-équipés. Elle tente ainsi de nous démontrer que les choix des uns ne sont pas ceux des autres et que la libre administration des collectivités ne seraient pas contraintes par les stratégies de l’Etat. C’est heureux et chacun de son côté doit veiller à la bonne adaptation des ressources à ses politiques publiques propres. Et ainsi tendre vers une continuelle amélioration. De ce point de vue, l’appel à une culture de la performance paraît entendu par de nombreuses collectivités qui s’emparent désormais des moyens réglementaires mis à leurs dispositions depuis finalement peu de temps.
Le débat paraît vouloir s’engager pour une meilleure adaptation des règles statutaires et la mise en œuvre de stratégies de management innovantes à destination du secteur public. Souhaitons que les intervenants apportent une volonté réelle d’enrichissement collectif débarrassée des petits messages sous-jacents de la sphère partisane.